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Pas la peine de regarder CNews

Dernière mise à jour : 22 nov. 2020

On l'a fait pour vous

et on a survécu



CNews a depuis longtemps entamé un virage marqué par l’expression des idéologies xénophobes et a largement ouvert son antenne aux pires promoteurs de l’intolérance, de la discrimination et du rejet des Droits de l’Homme.

Ce virage s’intensifie, et après Éric Zemmour et une brochette de chroniqueurs diffusant ces idéologies en boucle, après avoir envisagé de faire appel régulièrement à Marion Maréchal-Le Pen, c'est entre autres Eugénie Bastié, impliquée dans la "Manif pour tous" avec les "veilleurs", idéologiquement proche de Nicolas Dupond-Aignan, qui sera à l’antenne de la chaîne la saison prochaine. Pour donner une idée, en pleine affaire "Balance ton porc", elle affirmait "une main aux fesses n'a jamais tué personne".


Afin de nous assurer que ce glissement vers l'extrême-droite n'est pas seulement une impression, nous avons décidé, au péril de notre équilibre psychologique, de regarder CNews pendant 24h, et nous attacher - presque - exclusivement à des constats objectifs. C’était le 2 juillet 2020.


Une chaîne qui se réclame “d’information”, ce sont des journaux, en courte boucle. Nous aurions probablement à redire sur le traitement des sujets, sur le fait que l’invité du matin qui commente l’arrivée des verts à la tête de plusieurs grandes villes françaises ou l’affaire Fillon était ce jour-là Sébastien Chenu (RN). Mais nous allons plutôt nous concentrer sur les 5 émissions “plateau” non directement liées à l’actualité du jour, et à leurs animateurs et chroniqueurs.


9h00 L’heure des Pros


Pascal Praud anime l’émission. Coutumier des violents pétages de câble, il développe ouvertement des thèses que nous appellerons “conservatrices” par souci d’apaisement et pour ne pas l’énerver davantage. Dans les archives, rappelons cette émission où Rost commence :

« Quand, toute votre vie, vous subissez des insultes racistes.. »

Pascal Praud : « (Criant) Arrêtez de mettre les insultes… Alors là je vous interromps ! (Hurlant) Arrêtez de mettre les insultes racistes à tout bout de champ sur le débat ! C’est intolérable, non là c’est intolérable !! »


Ce jour-là, le 2 juillet 2020, c’était plus calme. Pascal Praud était accompagné de 4 chroniqueurs.

Sophie Obadia

Avocate, elle apporte -parfois- la seule contradiction aux propos bien peu progressistes de l’animateur. Lorsqu’après un interminable portrait à charge dressé par Praud envers une femme politique de gauche, Sophie Obadia lui fait remarquer qu’un homme politique n’aurait probablement pas eu droit à une telle violence rhétorique, il réplique, très énervé:

«Ce que je n’aime pas du tout, alors je vais vous dire, ça fait trois que vous le dites, maintenant je vous le dit j’aime pas du tout votre angle précisément sur ce sujet. [...]. Je trouve qu’aujourd’hui la société devient folle. C’est-à-dire le procès que vous nous faites, mais assumez, vous dites qu’on parle d’elle parce que c’est une femme.[...] On va tous devenir fous. On ne peut pas...». La violence de la réaction contraint la chroniqueuse à se rétracter piteusement.


Gérard Leclerc

Avec des positions qu’on peut qualifier de centristes, Gérard Leclerc intervient peu et joue le rôle de la figure modérée de l'émission.


Jérome Béglé

C'est le rédac-chef du Point, l’hebdomadaire très droitier qui s’est fait remarquer par des unes nauséabondes qui rivalisent avec celles de Valeurs Actuelles. Pascal Praud, tout sourire en présentant la dernière une du Point face caméra (“Les clowns de l’écologie” - photo de Nicolas Hulot - “et les vrais spécialistes” - photo de Partha Dasgupta ), dit “Achetez-le, les amis, achetez-le”. Opération promo, sourires partagés avec Béglé. Échange de bons procédés. L'ambiance est cordiale. Pendant que Béglé fustige les personnels non soignants dépendant du ministère de la Santé, Pascal Praud souligne hors champ : “L’État profond, on en parle tous les matins (Note : l’État Profond est une méta-théorie complotiste, fréquemment utilisée par l'extrême droite, selon laquelle les principaux acteurs économiques, en alliance avec les médias dominants, dicteraient les décision politiques afin de servir au mieux leurs intérêts)


Jean-Claude Dassier

Nous avons gardé le “meilleur” pour la fin. Le papy énervé qui va élever la voix pour dénoncer les gauchistes, les impôts, les fonctionnaires et les immigrés au zinc du café du commerce, c’est Jean-Claude. Tout ce qui sort de sa bouche est nauséabond et honteux. Il incarne l’extrême-droite aigrie, intolérante et méprisante dans toute sa splendeur. Ce ne sont pas ses anciennes fonctions de directeur de LCI ou de président de l'OM qui sont les plus intéressantes, mais la dernière en date, administrateur du groupe Valmonde (“Valeurs actuelles”) jusqu'en août 2019, publication dont le contenu résume bien l’idéologie adoptée par J-C Dassier.

Il semble que nous ayons eu de la chance ce jour-là. Voici quelques autres chroniqueurs qui se relaient habituellement sur le plateau auprès de Praud :


Ivan Rioufol (Le Figaro) qui manie l’invective et l’outrance avec aisance. Partisan de la théorie complotiste xénophobe du “Grand Remplacement” et grand fan de son promoteur Renaud Camus, il flirte régulièrement avec les thèses les plus nauséabondes et les plus extrêmes.


Elisabeth Lévy, directrice de la rédaction de “Causeur” et qui soutient ouvertement le groupuscule xénophobe Génération Identitaire récemment banni du réseau social Twitter pour propos racistes. Elle-même n'hésite pas à affirmer à l'antenne ses positions... contestables : « Gabriel Matzneff, il se trouve que je le connais et je vais faire en sorte qu’on ne le traite pas comme si c’était l’ogre de je ne sais pas où. Les dizaines d’enfants, etc, tout ça est assez fantasmatique. On a deux cas » (E. Lévy sur CNews le 27/07/2020)


Philippe Bilger : magistrat, contributeur régulier à des sites et blogs de la fachosphère, dont l’ignoble “Boulevard Voltaire”, fondé par Robert Ménard, ensuite dirigé par son épouse puis Gabrielle Cluzel, souvent présente à l’antenne de CNews elle aussi.



10h30 Morandini Live


Notre commentaire va tenter de refléter le contenu de l’émission et l’intérêt qu’elle a suscité :

“...”

Voila.


16h30 Punchline

Présentée par Laurence Ferrari (TF1, LCI) l’émission est découpée en 3 parties, et 3 équipes de chroniqueurs.


Première partie

Assistée de Noémie Schulz et Damien Fleurot, Laurence Ferrari accueille Tugdual Denis, directeur adjoint de la rédaction de Valeurs Actuelles, qui il est là pour présenter pendant 10 à 15 mn son dernier livre politique qualifié de "livre très personnel et assez remarquable" par l’animatrice. Échange de compliments.


Deuxième partie

Changement de chroniqueurs.

Jamil Rahmani, médecin, intervient en tant que spécialiste du sujet.

Charlotte d'Ornellas est contributrice aux blog et site d’extrême-droite Boulevard Voltaire et Valeurs Actuelles, écrit aussi pour le site catholique intégriste Aleteia et participe à la web-tv extrémiste “TV Libertés”. Soutien actif de la mouvance identitaire avec qui elle a collaboré professionnellement, elle assume sa classification à l’extrême-droite, soutient la “fachosphère” (qu’elle qualifie de “réinformation”) et promeut la théorie complotiste du “Grand Remplacement”. Omniprésente sur CNews, elle participe également régulièrement aux émissions de Pascal Praud


Troisième partie

Revoilà Jean-Claude Dassier (ex-administrateur de Valeurs Actuelles) qui avait participé à l’émission de Praud à 9h.

On y trouve également le Pr Philippe Juvin (médecin), Karim Zeribi (originellement engagé à gauche, puis EELV, Terra Nova puis LREM) et Dimitri Pavlenko (radio classique)


On remarquera qu’un chroniqueur lié de près à Valeurs Actuelles (Tugdual Denis, Charlotte d’Ornellas, Jean-Claude Dassier) est présent dans chacune des 3 parties de l’émission. Cela fait beaucoup pour être un simple hasard. Il y a une nette convergence idéologique entre la chaîne et le média de propagande qu’est Valeurs Actuelles.


Dans le courant de l'année, on a également vu intervenir dans cette émission Gabrielle Cluzel, responsable du blog abject en quête de notoriété Boulevard Voltaire, le petit frère de Valeurs Actuelles dont les positions outrancières ont conduit les annonceurs publicitaires à le déserter au grand dam de son fondateur Robert Ménard, actuel maire d'extrême-droite de Béziers.


19h00 Face à l’info


Ceux qui n’ont jamais regardé l’émission peuvent penser qu’il s’agit de l’émission de Christine Kelly (journaliste, ex-CSA). Celle-ci en est en effet la présentatrice, mais cela ne trompe personne. L’ensemble du dispositif est conçu pour servir Éric Zemmour.

Ce “polémiste” n’en est pas un. Il ne suscite pas de débat ou de polémique sur le plateau, il déroule ses thèses, toujours les mêmes et les martèle quasiment sans contradiction, tous les jours.

Les 3 autres chroniqueurs présents sont clairement là pour le servir.

À lui seul, Zemmour occupe près de 50% du temps d’antenne de l’émission, hors interventions de l’animatrice.. Les comptages de l’émission sont les suivants :

Eric de Riedmatten: 7mn 23s (14%)

Journaliste spécialisé dans les questions économiques, il représente une tendance très libérale, mais en restant avare de ses opinions sur les questions sociétales, il conserve le bénéfice du doute. Cependant, si on cherche une voix dite "de gauche" (on ne parle même pas d'altermondialiste), ce ne sera pas la sienne.


Alexandre Devecchio: 7mn 24s (14%)

Journaliste au Figaro, contributeur à Atlantico (site "néo-conservateur" très droitier), auteur d’un livre complaisant envers le populisme, il cite volontiers Alain de Benoist, et surtout David Goodhart, principal promoteur outre-manche de la théorie complotiste du “Grand Remplacement”, théorie justifiant la xénophobie et ayant servi de socle idéologique à des actions violentes contre les populations immigrées (attentats de Christchurch, Halle, El Paso, Utoya et Oslo notamment).


Marc Menant: 14mn 12s (27%)

Parvient difficilement à cacher ses opinions plus que conservatrices. Deux semaines après notre marathon, le 20 Juillet, il participera à une émission de "débat" sur CNews avec 4 personnes en plateau (Amine El Khatmi - Printemps Républicain- , Gilles-William Goldnadel - Valeurs Actuelles, Atlantico -, Alexandre Devecchio et Marc Menant) dans un concours de surenchère de démolition d'Assa Traoré, de son image et de ses propos. Marc Menant, emporté par l'ambiance, renchérira à propos de cette dernière : « Moi je suis pour la liberté d’expression, mais en réalité en filigrane de ses propos, c’est un appel à la violence, à la haine et au meurtre ». C'est le problème lorsque les débatteurs sont tous d'accord, ça finit par se voir : le parti-pris est si flagrant que la chaîne est contrainte de couper l'antenne précipitamment. Une page de pub...


Éric Zemmour: 23mn 34s (45%)

Récidiviste du discours de haine, condamné à plusieurs reprises, avec d’autres procès en cours, Eric Zemmour développe son idéologie xénophobe sans complexe. Lui aussi adepte du complot du “Grand Remplacement”, il en tire une justification à la nécessité d’une réaction forte des pays occidentaux, passant par l’abandon des droits de l’homme quand il s’agit de populations immigrées, déportation forcée, et non assistance lorsque leur vie est menacée. Le spectre de la guerre civile et de l’effondrement civilisationnel qu’il agite en même temps que son islamophobie décomplexée peut pousser des esprits fragiles à une “riposte préventive”, via des actions violentes.


L’émission tourne autour de sa personne. Lorsqu’un chroniqueur parle, l’écran est la plupart du temps partagé afin de connaître l’avis de Zemmour sur ce qui est dit. Si Zemmour rit ou hoche la tête, il est d’accord, tout va bien. Sinon, il interrompt d'un "C'est faux !" péremptoire, prend la parole (fin du partage d’écran, caméra sur lui) et ne la rend pas. Dans tous les cas, il conclut, valide et joue l’expert dans absolument tous les domaines (histoire, géopolitique, économie, science, justice…), n’hésitant pas, parfois, à raconter n’importe quoi pour asseoir son idéologie délétère, sans contradiction.


Deux exemples de mensonges prouvés tels, mais jamais démentis à l'antenne :


20h00 L’heure des Pros 2


C’est reparti pour une nouvelle émission de Pascal Praud !

Dans cette émission du soir, le présentateur est assisté de 4 chroniqueurs :


Damien Fleurot

Chef du service politique CNews

Étonnamment, peu d'infos sur lui. Dans le cours de l'émission, rien de bien marquant à signaler non plus dans ses 9mn de temps de parole.


Guillaume Bigot

Politologue et chroniqueur (CNEWS, Sud Radio). Ancien conseiller de Pasqua et Chevènement. Derrière la façade respectable, une idéologie fort peu inclusive qui transparaît dans ses éditos et ses interventions en ligne. Il multiplie déclarations typiques des trolls xénophobes qui sévissent sur les réseaux sociaux : "Les migrants si tu les aimes tant prends-les chez toi", "Les bobos ne connaissent pas les immigrés sinon ils seraient racistes aussi", etc. Florilège :


Véronique Jacquier

Employée par RMC, puis Sud Radio (a animé des émissions religieuses), par charité nous nous limiterons à sa position sur la colonisation, qui suffit à cerner son socle idéologique :


Gilles-William Goldnadel

Avocat, éditorialiste à Atlantico et Valeurs Actuelles, c’est aussi un contributeur régulier du blog extrémiste Boulevard Voltaire. Habitué des prises de positions outrancières, parfois au mépris des principes mêmes de la loi et de la déontologie de base liée à son métier, sa mauvaise foi et son agressivité verbale sont bien connues. Toujours très satisfait de ce qu'il pense être ses "bons mots", il reprend à son compte les éléments de langage favoris des populistes les plus extrêmes : les fascistes, ce sont les antifascistes, les racistes, ce sont les antiracistes, et les principales atteintes aux droits de l’homme sont le fait d’organisations humanitaires.

Omniprésent sur CNews, il construit tranquillement une petite notoriété médiatique avec l'aide de tous les medias nauséabonds qui lui tombent sous la main.

En conclusion


C'était une journée ordinaire, mais le constat est néanmoins sans appel et va au-delà de la simple impression. Et les quelques visionnages effectués à d'autres dates confirment tout ça.


Les chaînes d'info sont théoriquement soumises à des règles strictes de pluralité d'opinion. Délibérément, CNews a choisi de s'en affranchir dans les faits, en recrutant massivement des chroniqueurs, animateurs ou journalistes appartenant ou soutenant peu ou prou la même mouvance. Zemmour, repris de justice du discours de haine, n'en est qu'un des exemples les plus frappants. (voir notre billet à ce sujet)

Il est clair que la chaîne, à l'instar de Fox News outre-atlantique, a décidé d'occuper ce créneau, de flirter avec l'abjection pour gonfler son audience, tout en banalisant le discours de haine xénophobe, les mensonges éhontés, les débats à sens unique ou les séquences de démolition médiatique en bande organisée.


Ce virage droitier aux forceps ne s'est pas fait sans casse, et malgré l'opposition farouche affichée par un syndicat de journalistes du groupe Canal à cette opération de destruction systématique des dernières étincelles de progressisme ou d'humanisme, le patron Vincent Bolloré et son équipe enfoncent, saison après saison, l'ensemble du groupe toujours plus profond dans la fange de la pensée réac et de l'idéologie rance.


CNews en est la tête de pont. Les idéologies véhiculées par des médias autrefois cantonnés à la marge comme Valeurs Actuelles, Causeur, TV Libertés ou Boulevard Voltaire trouvent là accès à une chaîne nationale. Quelle est la prochaine étape ? Une émission quotidienne offerte à Jean-Yves Le Gallou, Dieudonné, Soral, Boris Le Lay, Vardon, Benedetti ? Plus rien ne pourrait nous surprendre. Malheureusement. L'opération de banalisation a vraiment bien fonctionné. Et elle ne fait que commencer.


Il est encore temps de réagir, et les annonceurs publicitaires qui ont signé des chartes déontologiques pour l'égalité et le respect des diversités doivent dès maintenant se poser sérieusement la question : est-il judicieux de placer leurs spots sur une chaîne qui n'a d'info que le nom, et qui distille quasi-exclusivement des idéologies contraires aux principes même de ces chartes ? Nous veillerons à ce que ces interrogations soient posées et que les annonceurs qui restent soient conscients du bain toxique dans lequel ils plongent leurs messages commerciaux.


Camille Sleeping Giants France





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