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L'OJIM, le Fake Fact-Checking




Introduction

Sur les réseaux sociaux fleurissent les experts autoproclamés, et le domaine des médias n'y fait pas exception. On trouvera toujours des personnes en recherche de notoriété qui vont se poser en grand arbitre malgré leur incompétence manifeste ou leur parti-pris.

En voyant certains "idéologues" comme Renaud Camus, Grégory Roose, Suavelos ou même Damien Rieu obtenir une certaine notoriété dans le microcosme, certains sont tentés de se demander "pourquoi pas moi ?"


Qu'est-ce que l'OJIM ?


L'OJIM (Observatoire du Journalisme et de l'Information Médiatique) est un blog mineur improbable, censé constituer une référence sur les médias et les journalistes, mais qui développe les thèmes de l'extrême droite raciste, homophobe, réactionnaire et complotiste.

Avec un rythme de production soutenu, un objectif difficilement caché, le site flirte en permanence avec la diffamation lorsqu'il traite de personnalités "de gauche" ou supposé telles, et soutient sans aucune réserve ni pudeur l'ensemble des sites, médias et personnalités de la fachosphère.


Au programme, victimisation, dézinguage à la sauce complotiste de la gauche et ses "gauchistes", des "bobos", des féministes, des mouvements LGBT, des anti-racistes, des opposants au discours de haine, des migrants et de leurs supposés alliés, de Soros, des mesures sanitaires, et de... Sleeping Giants

Le signe d'une certaine monomanie ?

Monomanie ET recyclage. Au bout d'un moment, il faut se rendre à l'évidence, il faut jeter.

De qui parle-t-on ?

L'OJIM a été fondé par Claude Chollet. Obscure petite main de la propagande extrémiste en mal de notoriété, confondant son aigreur croissante avec de la verve et de l'esprit, il est issu de la mouvance identitaire de la "Nouvelle Droite" et plus précisément du Think-Tank réactionnaire "GRECE".

Dans ce think tank, on trouve Jean-Yves Le Gallou, personnage défavorablement connu des observateurs de l'extrémisme. Cet ancien parlementaire FN, pote d'Henri de Lesquen, a fondé et animé de nombreux médias rances (Radio Liberté puis TV Libertés), et met en avant son "institut" Polemia ou Iliade. Ces vitrines de la "réinformation", concept qu'il a contribué à populariser, se présentent comme des think tanks mais viennent en fait renforcer le pool des organes de propagande des idéologies réactionnaires. Le Gallou a plus que soutenu l'OJIM lors de sa création. Il l'a poussé, en a fait la promo un peu partout, à se demander quelle a été son véritable rôle dans sa création.

Le fait que le site soit animé quasi exclusivement par une seule personne est bien caché. Dans le "à propos" signé par Chollet, on lit "Qui sommes-nous ? Un groupe de citoyens intéressés par le monde de l’information, son évolution, son influence, aussi ses dérives." Et, dans le CV qu'il diffuse sur son site :

on apprend donc qu'après des études de politique, il a fait partie d'un think tank d'extrême-droite xénophobe, puis rame depuis près de 10 ans à animer un blog soi-disant sur le journalisme et les journalistes, mais qui allie en fait ses trois passions : - la métapolitique, système de propagande d'extrême-droite

- l'injure et la calomnie, qu'il pratique quotidiennement sur son blog

- lui-même

En effet, Claude Chollet incarne volontiers son "observatoire" dans ses vidéos, et n'hésite pas, toute honte bue, à proposer en cadeau de dédicacer l'opuscule qu'il offre aux généreux donateurs de son blog (qui restent à trouver). On y reviendra.


On l'a déjà vu par le passé, s'autoproclamer expert suffit souvent, dans cette mouvance, à le devenir. Et on n'est pas à l'abri de voir un jour l'un ou l'autre de ces tristes sires embauché comme chroniqueur "spécialiste" par des chaînes comme CNews, à la recherche de nouvelles voix xénophobes pour compléter leur collection déjà impressionnante.


Le nerf de la guerre


Visiblement, le bénévolat n'est pas son truc, à l'OJIM : comme sur la plupart des autres sites de la fachosphère, les appels aux dons sont omniprésents.


Et, à l'instar de pas mal d'entre eux (notamment ceux de la galaxie GT Édition), ils utilisent leur statut d'association "d'utilité publique" pour proposer une défiscalisation des dons.


Mais dans le cas de l'OJIM, ça ne fonctionne pas. Très faible pénétration dans les groupes en ligne d'extrême-droite signifie peu de dons. Malgré des tentatives maladroites de buzz et de victimisation, l'objectif de 3000€ par mois semble loin d'être atteint



Alors, l'an dernier, l'OJIM se tourne vers la Hongrie, et lance une franchise dans ce pays. L'entité hongroise indépendante appelée TUA, semble avoir trouvé un soutien financier conséquent qui lui permet d'employer une douzaine de personnes sur place. Le démarrage se fait en fanfare : immédiatement, l'OJIM France, soutenu par la structure locale, intente une action en justice contre un média hongrois, suivi par le lancement en France de vidéos autoproduites (dont Sleeping Giants est le premier sujet), et plus récemment une plainte supposément déposée par l'OJIM contre Twitter.


L'OJIM tournerait-il maintenant grâce à des capitaux hongrois ? Quel est le mécène hongrois qui finance tout cela ? Cela nous amène à nous poser deux questions sur le bien-fondé de la défiscalisation que le site propose à ses donateurs :

  • pour bénéficier du statut d'utilité publique ou d'intérêt général, l'association ne doit pas exercer d'activité lucrative, sa gestion doit être désintéressée et elle ne doit pas fonctionner pas au profit d'un cercle restreint de personnes. Il serait intéressant que l'OJIM publie ses comptes et l'utilisation qui est faite des éventuels capitaux hongrois.

  • Les dons eux-même doivent être désintéressés et ne comporter aucune contrepartie. Lorsqu'une brochure (et dédicacée, mazette !) est offerte pour un don de 100€ ou plus, alors qu'elle est disponible à la vente en ligne et en librairie, n'est-ce pas une contrepartie ?

Les méthodes et les dérives


Invective, diffamation, homophobie et attrape-clic. L'auteur du blog OJIM a commis une vidéo intitulée "qui se cache derrière Sleeping Giants" et qui apporte la réponse : "aucune idée", ce qui ne l'empêche pas de la ressortir tous les 2 ou 3 mois pour gagner quelques hits. L'OJIM peine à exister sur les réseaux sociaux, et se fait suspendre de Twitter par intermittence. Certains articles homophobes comme celui-ci lui a valu une action de Radio France auprès de son hébergeur :

Mise à jour : Depuis la prise de notre capture d'écran originelle, le blog a supprimé, apparemment sur injonction de Radio France, la partie du texte qui associait LGBT avec zoophilie et nécrophilie. Nous avons donc mis à jour notre image.


La "désintox" par les fake news


Les idéologies et les médias défendus par l'OJIM étant régulièrement dénoncés par les organismes de vérification des faits (fact checking), l'OJIM tente une contre-attaque en publiant des fascicules de "désintox", vendus dans une librairie d'extrême-droite, entre Renaud Camus et Alain de Benoist.



La fachosphère, principal pourvoyeur de fake news, invente là le "fake fact-checking". Toujours plus loin, telle semble être leur devise.


Les Bobards d'or


Le clou : quand les spécialistes de la fake news, de l'outrance, de l'intolérance et de la haine décernent leurs mauvais points aux vrais journalistes. Le Gallou / Polémia organise cette cérémonie surréaliste, relayée par Boulevard Voltaire, Valeurs Actuelles, Dreuz, etc. Le responsable de l'OJIM est bien entendu présent sur le plateau. La plaisanterie raciste de tonton à la fin du repas de famille vous fait hurler de rire ? Le pilier de bar qui crache sa haine des "gonzesses" avec des blagues grasses vous est sympathique ? Alors vous adorerez cette cérémonie.


L'OJIM, le CDJM et le droit de donner son avis


Alors, quand le "Conseil de déontologie journalistique et de médiation" (CDJM), s'appuyant sur les chartes éthiques de la profession, épingle certains dérapages de Valeurs Actuelles ou CNews, l'OJIM vient au secours de ces derniers. On hésite entre l'éclat de rire et la consternation. Un blog perso comme l'OJIM, dont la raison d'être est de juger les journalistes pris au hasard dans ceux considérés "de gauche", qui organise une cérémonie basée sur l'injure et la calomnie, et qui se permet de contester la légitimité d'un collège de 30 journalistes, éditeurs ou public à donner son avis basé sur les chartes déontologiques, c'est assez énorme.

Et tout ça alors que l'OJIM lui-même publie une brochure qui donne son avis sur exactement la même affaire que celle qui vaut au CDJM les attaques juridiques de Valeurs Actuelles.

Mais le propre de la fachosphère, c'est bien de ne pas hésiter un instant devant l'énormité des outrances. C'est même à ça qu'on la reconnait.


La présence de l'OJIM sur Twitter


Avec un compte récemment restreint puis supprimé et ensuite rétabli, on est définitivement à la marge de ce qui est acceptable sur Twitter. Le compté, créé il y a près de 10 ans, a rassemblé un nombre d'abonnés assez significatif pour un petit blog (6700), mais étrangement, ses tweets ne provoquent que très, très peu de réaction. Mis à part les quelques tweets ombilicocentrés où il se victimise, rarement plus de 3 ou 4 partages, ce qui est étonnant. D'autant plus que Chollet ou l'OJIM s'auto-partagent, donc il faut enlever 1 ou 2 au comptage.

Plusieurs explications possibles à ce manque d'engouement :

- Une bonne part des abonnements sont des comptes inactifs ou peu actifs

- Une bonne part sont des comptes automatiques (bots)

- Les autres se fichent totalement de ce qu'écrit l'OJIM

Rapport "Bot Score" de Sparktoro
rapport de Botometer

Et lorsque le compte est suspendu, il n'y a que 2 personnes qui s'agitent. Chollet et Le Gallou, en se retweetant mutuellement.

Alors, pourquoi en parler ?

On est là en plein dans la "métapolitique", invention et cheval de bataille de la Nouvelle Droite dès ses débuts. Ce formatage idéologique de la population, exacerbe les peurs, les obsessions identitaires ou xénophobes par une exposition quotidienne (à rapprocher du concept de "fenêtre d'Overton"). Et force est de constater que, dopé par les réseaux sociaux, cela fonctionne mieux que jamais : des concepts et des termes jusqu'ici réservé à l'extrême-droite raciste ("ensauvagement", "Islamo-gauchisme") sont devenus acceptables, et même utilisés sans réserve et sans honte par des membres du gouvernement. Dans le même mouvement, des termes comme "identitaire" ou "séparatisme", qui étaient utilisé aussi bien pour des groupes d'extrême-droite ethno-nationaliste comme Génération Identitaire que pour des idéologies issues de l'islam radical ont vu leur champ se restreindre pour ne plus désigner que ces dernières. L'OJIM n'est qu'un tout petit maillon, une tentative avortée qui n'a jamais vraiment pris, mais qui apporte tout de même son maigre lot de matière première prédigérée au flot de haine, d'intolérance et de théorie du complot dont le public doit être abreuvé jusqu'à l'affaiblissement de ses barrières de défense. En renforçant et légitimant la méfiance des adeptes de la fachosphère envers les médias sérieux, il brise encore plus leur lien avec une vision réaliste de la société et exacerbe leur radicalisation.


Et malheureusement, avec la tolérance de plus en plus grande pour les propos discriminatoires, xénophobes et intolérant, portée par des médias comme CNews, on peut craindre que les personnes derrière les blogs et WebTV de la fachosphère, qui sentent bien trop le soufre pour l'instant, deviennent un jour des personnalités honorables de ces médias. Zemmour a ouvert la voie.

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