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Génération Identitaire dans le "Cyberbunker"

Dernière mise à jour : 22 nov. 2020

Criminalité en ligne

Caché dans un bunker à Traben-Trarbach (Allemagne) était situé le deuxième plus grand commerce de drogue Darknet au monde. Comment a-t-il été dévoilé ? Des journalistes du magazine ARD Panorama et du "Spiegel" ont pu consulter le dossier d’instruction.

Par Jasmin Klofta, Kira Gantner, Nino Seidel et Zita Zengerling, NDR

Il s'agit de trafic de drogue, de contrefaçon, de piratage et de pédopornographie. Des milliers de délits sur Internet auraient été commis dans le monde via des serveurs à Traben-Trarbach en Rhénanie-Palatinat. En plus de diverses plateformes de vente sur le Darknet, le soi-disant "cyberbunker" abritait également du contenu de "Génération Identitaire”, mouvement d’extrême-droite. Cela ressort des nombreux documents, que le NDR et le "Spiegel" ont évalués ensemble.

Offre spéciale pour les extrémistes de droite

Les documents prouvent que les opérateurs du bunker ont fourni un serveur cloud en location à “Génération Identitaire". Selon l'Office fédéral de la protection de la Constitution, les positions du mouvement identitaire ne sont "pas compatibles avec la Loi Constitutionnelle". Lorsque les locaux ont été fouillés, les enquêteurs  ont trouvé un contrat d'hébergement passé avec le groupe d'extrême droite.


Un employé du bunker a déclaré lors d'un interrogatoire qu'ils avaient constaté l’existence d’un “marché potentiel" avec les organisations extrémistes. Les Identitaires se sont donc vu proposer le prix particulièrement bas de 30 euros par mois - d'autres clients auraient apparemment payé plusieurs centaines d'euros pour les  mêmes services du “Cyberbunker".


Le patron du bunker feint l’ignorance

Pour la première fois depuis son arrestation, le patron du bunker s'exprime et, en réponse aux question du NDR et du “Spiegel", nie avoir connaissance du contenu illégal sur ses serveurs. "Nos serveurs, il faut les comparer à des coffres-forts. Aucun employé de banque ne vérifie ce qui se trouve dans les coffres-forts." Il écrit également: "Nous n’avons rien à nous reprocher." Tous les employés du data center pensaient avoir agi correctement et légalement.

Herman X. aurait hébergé de nombreux sites illégaux dans cet ancien bunker de l'OTAN à Traben-Trarbach pendant environ six ans. Son site se vantait de sa sécurité maximale, soi-disant même "à l'épreuve des balles", donc hyper-sécurisé. À l'épreuve des balles, le contenu du client était protégé contre les attaques externes, y compris celles des forces de l'ordre .

Communication cryptée pour le crime organisé ?

En plus du marché des serveurs, Herman X. aurait également développé une application de communication cryptée, probablement financée par un présumé baron de la drogue irlandais, et vendue à des grands noms du crime organisé. Le site au bord de la Moselle est devenu une sorte de centre de contrôle du Darknet.


Le procureur général, Jörg Angerer, explique que pour la première fois, des poursuites judiciaires sont engagés contre des hébergeurs au lieu des auteurs principaux, comme par exemple les trafiquants de drogue, ”c'est-à-dire ceux qui hébergent ces services et qui rendent possibles les délits des principaux auteurs”.


Le procureur suppose la complicité

Selon Angerer, les enquêtes de ses services ont pu démontrer qu’une partie du personnel du bunker connaissait l’existence des sites illégaux sur leurs serveurs. Selon le procureur, Herman X. aurait offert à des clients douteux, à propos desquels un avertissement avait été reçu dans le bunker, une sorte de "service de camouflage", qui devrait les rendre invisibles en ligne moyennant des frais supplémentaires.


Le datacenter situé dans un bunker de la ville de Traben-Trarbach en Rhénanie-Palatinat a été fouillé l'automne dernier après plusieurs années d'enquêtes . Selon les autorités, les centaines de serveurs dans le "cyberbunker" hébergeaient uniquement des sites Web illégaux, y compris le deuxième plus grand marché de drogue au monde du Darknet, "Wall Street Market". 


Cette page a servi de plate-forme aux offres numériques et a été structurée de manière similaire à, par exemple, Amazon ou Ebay. Des produits stupéfiants tels que le cannabis, l'ecstasy, la cocaïne et l'héroïne y auraient été vendus pour une valeur de plus de 41 millions d'euros. Au final, les enquêteurs comptent plus d'un million d'utilisateurs sur le marché de la drogue sur le Darknet.


Wall Street Market : une soi-disant motivation technique

Dans l’interview, l'un des trois opérateurs a déclaré à NDR et à "Spiegel" que sa motivation pour "Wall Street Market" était purement technique. "Cela n'a rien à voir avec l'affinité pour les drogues, mais plutôt la mise en œuvre technique." Il compare sa plate-forme de vente de drogues à une société légale. "Bien sûr, le succès est agréable et cela fonctionne comme vous l'imaginez."


Ce n'est que plus tard que le co-organisateur aurait réalisé à quel point il était «mauvais, stupide et ignoble» d'exploiter un tel marché. En avril 2019, les opérateurs du "Wall Street Market" ont été arrêtés. Ils sont tous passés aux aveux. L’acte d'accusation est imminent.

Le patron du bunker, Herman X., aurait été identifié, entre autres, par un enquêteur infiltré. L’acte d’accusation contre le groupe comporte, entre autres, la formation d'une organisation criminelle et la complicité de trafic de drogue.

Herman X. suggère que l'intérêt des autorités pourrait être lié à Wikileaks: "Par exemple, nous avons également hébergé les serveurs WikiLeaks." On peut donc se demander si "WikiLeaks était la principale raison pour laquelle les autorités allemandes se sont soudainement intéressées à nous". 


“Aucun site légal trouvé”

Le procureur général en charge du dossier, Jörg Angerer, considère cette déclaration comme une tentative de se présenter comme une victime de persécution politique. À NDR et à "Spiegel", il explique: "À ce jour, nous ne savons pas si les serveurs WikiLeaks ont été hébergés dans le bunker." L’analyse des serveurs du "Cyberbunker" se poursuit, mais les enquêteurs n'ont jusqu'à présent trouvé aucun site Internet légal.


Interrogé par NDR et "Spiegel" sur ce qui arrive à son bunker à Traben-Trarbach, l'accusé Herman X a répondu: "Dès que nous serons libres, nous rentrerons !”



Article & vidéo annexe : Documentaire : Le Cyber Bunker

Il s'agit de trafic de drogue, de contrefaçon, de piratage et de pédopornographie. Dans le monde, des milliers de délits sur Internet auraient été commis via les serveurs de Traben-Trarbach. En plus de diverses plateformes de vente sur le Darknet, le soi-disant "cyberbunker" abritait également du contenu de “Génération Identitaire" mouvement d’extrême-droite. Le documentaire de 30 minutes (en allemand) peut être vu ici :


 

Important : si vous voyez de la pédopornographie en ligne, signalez-le à la plateforme PHAROS immédiatement !



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